Au milieu du désastre économique au Liban
« Que souhaite une mère si ce n’est de voir ses enfants manger et être heureux ? »
Aziza*, une mère de 29 ans vivant à Beyrouth, au Liban, consacre la quasi-totalité des revenus de son mari aux visites à l’hôpital, à l’oxygène et aux médicaments pour soigner la maladie pulmonaire de son fils de six mois. *Son nom complet n’est pas utilisé pour des raisons de sécurité.
La famille, qui vit dans une habitation d’une pièce avec un toit qui fuit, n’avait pas beaucoup d’argent, y compris pour se nourrir, jusqu’à ce qu’elle commence à recevoir des bons alimentaires mensuels. Le partenaire libanais du Comité central mennonite (MCC), l’Aide populaire de secours et de développement (PARD), les distribue.
« Nous mangeons en plus grande quantité, et il y a plus de variété dans la nourriture », affirme Aziza, exprimant son soulagement de pouvoir nourrir ses cinq enfants, tous âgés de moins de 8 ans. « Que souhaite une mère si ce n’est de voir ses enfants manger et être heureux ? ».
– Aziza, une bénéficiaire de bons alimentaires
Elle fait partie des nombreuses personnes au Liban dont les placards de cuisine se sont vidés en raison des difficultés économiques qui n’ont cessé de dévaster le pays.
Les bons alimentaires ont permis à Aziza d’acheter des produits qu’elle ne pouvait pas acheter auparavant, comme du poulet, du lait et du fromage, des sources importantes de protéines pour ses enfants. Les bons alimentaires lui ont également permis d’économiser de l’argent pour payer les soins médicaux de son fils.
Le désastre économique
Depuis 2019, la valeur de la devise libanaise s’est effondrée de près de 90 % et les prix des denrées alimentaires ont quadruplé, mais les salaires sont restés les mêmes. Le pays, déjà vulnérable, a encore été secoué en 2020 lorsqu’une explosion massive de nitrate d’ammonium mal stocké à Beyrouth a laissé 300 000 personnes sans abri et des milliers de blessés ou de morts.
Si l’on ajoute à cela les troubles politiques, la pandémie COVID-19 et des décennies de mauvaise gestion des ressources, les taux de pauvreté et les besoins humanitaires sont montés en flèche au Liban.
Lorsque le personnel du PARD a enquêté auprès de ménages palestiniens et libanais dans six régions du Liban, il a découvert que la plupart des familles déclaraient ne prendre qu’un seul repas par jour, les enfants un peu plus, explique Mira Moussa, coordinatrice du projet d’aide humanitaire du PARD.
De nombreuses familles n’avaient pas les moyens de se procurer de la viande ou même des fruits et des légumes : « Dans chaque région, vous entendez des récits de personnes qui sont durement éprouvés », a-t-elle déclaré.
Travailler ensemble pour aider
Conscients du besoin, le MCC et le PARD ont demandé et obtenu une subvention de 761 844 dollars du Fonds humanitaire pour le Liban, géré par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA).
Depuis octobre 2021, le PARD distribue des bons alimentaires mensuels d’une valeur d’environ 19 dollars par membre de famille à 900 ménages. Au début du programme, les bénéficiaires ont également assisté à des séances de sensibilisation à la nutrition.
En complément, le PARD fournit des kits d’hygiène, des kits de soins pour bébés et des kits de soins pour personnes âgées achetés localement à 1 701 citoyens libanais et à 3 159 réfugiés palestiniens. (Le MCC et le PARD aident les familles syriennes par le biais d’autres programmes).
Le Liban accueille le plus grand nombre de réfugiés par habitant au monde, plus récemment en raison de l’afflux continu de réfugiés syriens. Ils ont rejoint les réfugiés palestiniens qui y ont trouvé refuge depuis la guerre israélo-palestinienne de 1948 et les conflits ultérieurs.
Mais maintenant, il y a de la nourriture dans le réfrigérateur !
Basam est un réfugié palestinien de 46 ans qui vit à Beyrouth, au Liban, avec sa femme et ses trois enfants. Il a demandé à ce que son vrai nom ne soit pas utilisé. Comme Aziza, il vit dans un quartier pauvre de la ville appelé Daouk.
Basam était coiffeur pour hommes pendant de nombreuses années, mais il n’a plus les moyens de louer une boutique. Il exerce de nombreux métiers pour subvenir aux besoins de sa famille : de porteur et gardien, à vendeur d’eau, de légumes, de parfums et de chapeaux. « Cela fait 21 ans que je travaille jour et nuit », dit-il.
« Tout devient de plus en plus coûteux ; le repas le moins cher coûte désormais une grosse somme d’argent, comme le mujaddara (lentilles et riz). » Il utilise ses bons pour acheter du riz, de l’huile, du poulet et des légumes surgelés.
Ibasam* achète de la nourriture pour sa famille en janvier grâce à un bon alimentaire mensuel reçu de l’Aide populaire de secours et de développement (PARD), un partenaire du MCC. Les fonds supplémentaires permettent de garder de la nourriture dans le réfrigérateur pour le nourrir, lui, sa femme et leurs trois enfants. *Basam est un pseudonyme utilisé pour des raisons de sécurité.Photo courtoisie du PARD — 2022
Les bons ne suffisent pas à couvrir toutes ses dépenses alimentaires, « mais maintenant, il y a de la nourriture dans le réfrigérateur », affirme-t-il. Auparavant, ce qu’il gagnait dans la journée conditionnait ce que lui et sa famille pouvaient manger le soir même.
Les bons alimentaires offrent une certaine stabilité, ce qui permet aux bénéficiaires d’imaginer un avenir au lieu de survivre au jour le jour.
« Nous sommes reconnaissants de travailler sans relâche pour soutenir ceux que nous servons », déclare Moussa. « À chaque distribution, les bénéficiaires arrivent tout excités pour récupérer les bons. Ils sont profondément reconnaissants pour cette aide. »
« En aidant ces familles qui souffrent de la situation économique difficile que nous vivons aujourd’hui », ajoute Moussa, « j’ai découvert le don de générosité dans les yeux de ces personnes. »
Nous remercions le personnel du PARD d’avoir recueilli des informations auprès des bénéficiaires pour cet article.
Légende de la photo du haut : Aziza* fait ses courses de viande grâce aux bons alimentaires mensuels que le partenaire du MCC, l’Aide populaire de secours et de développement (PARD) lui a remis. Ces bons complètent le revenu de son mari, qui est principalement consacré au traitement de la maladie pulmonaire de leur fils de six mois. Le nom complet d’Aziza n’est pas utilisé pour sa sécurité. Photo avec l’aimable autorisation de PARD-2022