La paix derrière les barreaux de prison
Zebron Mwale en voulait terriblement à sa voisine, Mary Mweemba, car c’est à cause d’elle qu’il s’est retrouvé en prison. Mweemba l’avait dénoncé à la police pour avoir cultivé du cannabis, ce qui est un délit en Zambie.
Mwale avait eu tout le temps de ruminer sur le conflit qui les opposait avant de finalement la rencontrer. Cette occasion est arrivée un jour où Mweemba a accompagné la famille de Mwale pour lui rendre visite en prison.
En face de celle qui l’avait vendu aux autorités, Mwale aurait pu tenir toutes sortes de propos venimeux. Au lieu de cela, il a saisi l’occasion de la réconciliation.
« J’ai parlé de la nécessité de mettre fin aux querelles... d’y mettre un terme et de vivre en harmonie », dit Mwale.
Alors, qu’est-ce qui a changé pendant le séjour de Mwale en prison ? La réponse se trouve dans les personnes qu’il a remarquées parce qu’elles portaient de petits badges blancs à l’effigie d’un baobab au centre correctionnel de Choma. Ils sont membres du club de la paix de la prison. L’idée a intrigué Mwale, qui s’est donc inscrit.
« Une fois le message du club de la paix bien ancré dans mon cœur, j’ai rapidement appris la nécessité de briser la chaîne de la vengeance », explique Mwale.
Les membres du club de la paix apprennent à identifier les conflits dans leur propre vie et à pratiquer des méthodes pacifiques pour les résoudre. Plutôt que d’assister à un cours ponctuel, ils se réunissent régulièrement pour s’encourager mutuellement dans leurs efforts pour changer leurs habitudes de comportement bien enracinées.
Les membres du club de la paix comprennent à quel degré la résolution pacifique des conflits leur bénéficie et comment ils peuvent l’utiliser pour en faire profiter les autres.
Le MCC soutient des clubs de la paix comme celui-ci depuis 2006, date à laquelle ils ont été mis en place dans trois écoles zambiennes. Ce programme s’est depuis étendu à 436 clubs de la paix dans plus d’une douzaine de pays. Le gouvernement zambien a reconnu le succès de ce programme et a collaboré avec le MCC pour adapter le modèle de club de la paix à l’ensemble du système correctionnel du pays, y compris au centre correctionnel de Choma.
Ce programme a transformé la vie de personnes comme Mwale. En plus de se réconcilier avec son voisin, Mwale a également obtenu une grâce et a été libéré de prison à cause de l’amélioration de son comportement.
Mais le pouvoir transformateur de la paix ne s’est pas arrêté là. « Lorsque j’ai été libéré, j’ai découvert que quelque chose me manquait », déclare Mwale. « Cela m’a conduit à penser à un club de la paix dans ma communauté afin que nous puissions continuer à parler de la restauration de la paix et de la justice. »
Quand il a eu besoin de volontaires pour diriger le club de la paix de la communauté, Mwale savait à qui s’adresser. Sa voisine Mary Mweemba — la personne qui l’avait dénoncé à la police — est aujourd’hui vice-présidente du club de la paix à ses côtés.
Renata Buhler est une rédactrice du MCC Canada.