L’ingrédient secret des distributions alimentaires d’urgence
Comment la paix en action est une composante essentielle de l’aide humanitaire
Quand une catastrophe frappe, les gens ont besoin d’une aide d’urgence. Dans les situations précaires, les besoins comme la nourriture, l’eau, l’abri et l’hygiène peuvent faire la différence entre la vie et la mort. Mais la manière dont les secours arrivent peut soit construire la paix, soit déclencher la violence.
Le Comité central mennonite (MCC) a pour priorité d’intégrer la consolidation de la paix pour éviter que l’aide humanitaire n’aggrave les conflits. Ce principe de paix a été mis en œuvre lorsque le MCC a travaillé avec des partenaires pour distribuer de la nourriture pendant la crise dans la région du Kasaï en République démocratique du Congo (RDC).
Un affrontement entre des groupes armés et les forces gouvernementales en 2016 a enflammé les hostilités ethniques existantes et a déclenché un bain de sang continu. Plus de 1,4 million de personnes ont fui. Avec de nombreux villages rasés par le conflit ou encore en situation d’insécurité, un grand nombre de personnes n’ont pas pu retourner dans leurs communautés.
Le MCC a répondu à la crise en s’associant aux églises congolaises pour fournir des produits d’urgence aux personnes déplacées. Les églises ont formé des comités locaux pour distribuer la nourriture dans leurs communautés. Alors que les éléments du plan se mettaient en place, un problème se posait encore.
Les partis-pris.
Il aurait été trop facile pour les membres du comité de donner de la nourriture à des personnes de leur propre groupe ethnique et pas à d’autres, surtout avec le conflit encore frais dans leur esprit. Une telle décision aurait pu facilement provoquer des combats entre les personnes qui venaient d’échapper à la violence dans leur communauté d’origine.
Mais la paix en action a sauvé la situation.
Mulanda Jimmy Juma, représentant du MCC en RDC, a utilisé ses compétences en consolidation de la paix pour aider le comité à faire face à ses propres préjugés. Au final, tous les membres du comité d’aide se sont mis d’accord sur les personnes qui devraient recevoir la nourriture en fonction de leur vulnérabilité et de leurs besoins, et non de leur appartenance ethnique.
« L’aide alimentaire a créé une sorte d’unité », a dit Juma.
En plus d’intégrer la paix dans la distribution de la nourriture, le MCC a également soutenu des formations et des ateliers de guérison des traumatismes afin de traiter les blessures émotionnelles qui pèsent sur de nombreuses personnes déplacées.
Les participants ont appris ce qu’est un traumatisme et comment il se manifeste par des comportements destructeurs. Les dirigeants ont créé un espace sûr pour que les membres du groupe puissent parler de leurs expériences traumatiques personnelles et faire leur deuil les uns avec les autres. Ensuite, les participants ont discuté ensemble de la manière de vivre en paix à l’avenir.
« En réunissant différents groupes de gens pour planifier et mettre en œuvre des projets d’aide, nous sommes en mesure de réduire le risque de conflit et d’œuvrer pour la paix », a expliqué Bruce Gunther, directeur de l’intervention en cas de catastrophe du MCC. « L’intégration de la consolidation de la paix dans les programmes du MCC est une composante essentielle de notre travail ».
C’est le pouvoir de la paix en action.